Le temps des Cambé, les temps ont changé

Je pensais que ce livre allait faire le tour de France et d'une partie du monde. Ceux qui me connaissent un peu doivent se marrer en pensant que, comme bien souvent, je plaisante choisissant une manière d'autodérision. Hé bien non, je ne rigole pas. Du reste, comme le suggérait parfois Pierrot Albaladejo au micro de Couderc et Salviac: " la messe n'est pas dite " !
Je l'évoquais déjà la dernière fois, l'inquiétant est de constater que d'un livre-événement où un témoin engagé et un petit peu âgé, prends la plume et monte à rebrousse-poil un rugby financiarisé et déshumanisé, les médias, les anciens confrères, s'en désolidarisent comme si, en tant que maillon de la chaîne, leur propre avenir en dépendait. Car ils y croient à leur importance dans ce milieu et ils veulent leur part de liquidité et de tranquillité.
C'est probablement aussi un signe des temps car naguère il ne me semblait pas que nous liions si fortement partie aux destinées des clubs, des joueurs et des sports que l'on suivait. Je me souviens que, passionné par la cuisine, mais aussi la boulangerie et l'humanitaire, je me disais souvent que s'il fallait changer de métier, ce serait volontiers. D'ailleurs c'est bien ce que je fis !
Heureusement il me reste quelques amis dans la presse écrite, la radio et la télé pour ne pas désespérer. Sans doute ont-ils tous reçu grâce à la diligente conscience d'Anthony des Presses du Midi, ce Rugby flouze et ne tarderont pas à lui accorder la place qui irrite dans ce concert de louanges pour des gens qui ont englouti goulûment toutes les valeurs d'un sport de poème ( petite variation que Denis Lalanne saura me pardonner ).
Oui j'ai l'air un peu euphorique comme ça, mais je vous assure que ce n'est pas la coke. Une lampée de whisky peut-être et encore... Non c'est plutôt l'intérêt que porte des gens ordinaires à ce sport exceptionnel. A moins que ce ne soit le contraire, mais tout ça se mélange sur les bases de ce qu'était justement le rugby où tout dépendait finalement de l'autre et où la gloire, souvent factice, tellement fugace, ne faisait pas tourner les têtes.
Je prépare un livre d'or dont je ne manquerai pas de vous livrer les extraits y compris si enfin, je reçois des notes de désaccord venant rendre la partition moins monotone et moins autosatisfaite. Là, pour cette seule semaine, j'en suis à une dizaine. Je les apprécie toutes. Trois m'ont marqué.
Pierrot était la figure de proue et comme il aime rire, j'aurais dû préférer la tête de gondole du football à Graulhet dans les années soixante-dix. J'ai coutume de raconter qu'il n'y avait pas de foot dans ma jeunesse, ce qui fut d'ailleurs vrai quelques années durant. Mais enfin là, le Pierrot en question existait pour de bon et il régalait les amateurs de ballon rond de la région. Du coup sa lettre pleine d'indulgence, son évocation de ces valeurs communes et d'une certaine idée de la société m'ont un peu plus rapproché de lui et de son putain de sport. D'autant que ce football que j'ai aimé pratiquer plus vieux avec les copains, n'est pas, dans nos villages et nos quartiers plus corrompu par le flouze. Qui sait même si l'amateurisme n'y est pas devenu plus sûr. Le monde à l'envers, de quoi chopper le vertige !
C'est aussi une grande plume de l'Équipe, que dis-je (?) la grande plume de l'Equipe, un peu vieillissante certes mais non moins éblouissante qui s'est fendue de mots doux, de mots fous pour exalter nos nostalgies. Lui a mis pied à terre du côté de Pézenas non loin du terreau natal où poussent les souvenirs, mais on devrait se retrouver bientôt sur nos montagnes et un sommet de fraternité avec le bon Fred. Mais voilà que je me laisserais bien aller à tout divulguer. Ce sera bientôt... En tout cas, dans cette période de sécheresse confraternelle, la sentence de celui qui n'est peut-être rien moins que le lointain descendant de Montaigne, me rebooste les zygos...
Et voilà même que je reçois des bouquins. Moi qui lis si peu la concurrence. Non par mépris mais par difficulté à lire, ce qui n'est en rien comparable. Jean-Pierre l'ardéchois qui refuse de céder au chantage financier de Canal Bolloré pour voir un peu plus de rugby, avoue se régaler en suivant les Bleus, Dupont, NTamack et même Aldritt. Mais je t'en prie, vas-y, régale-toi ! Il observe aussi que le rugby est loin du foot s'agissant du flouze. Jean-Pierre aime bien enfoncer les portes ouvertes y compris celle de la provocation. Mais il s'étonne malgré tout de l'afflux de "main d'oeuvre" étrangère. C'est que peut-être il n'a pas établi la relation entre l'un et les autres... En Ardèche il faut toujours un temps de plus à la réflexion, plus encore à la conclusion !
Mais tu m'as quand même bien fait plaisir, Jean-Pierre en joignant à ta lettre le livre du centenaire du La Voulte Sportif. En voilà un joli club qui prospérait non pas tant à l'ombre du clocher que des cheminées des usines Rhône-Poullenc. Ils n'étaient pas professionnels, pas même à Toulouse ou au Stade Français, mais les frères Camberabero (Guy et Lilian) et leurs rejetons (Didier et Gilles), Averous, Noble, De Gregorio, Reyes ne se sont pas privés d'exister, gravant leurs noms dans le marbre légendaire d'ovalie. Il en est un, tu l'auras bien noté, que je n'ai pas évoqué, c'est Fouroux. Le grand Jacques (ce que Brel fut à la chanson). Pas le plus talentueux; c'est sûr. Mais à l'image de son maître - Jean Liènard - qui en fit ce qu'il devint, un personnage hors norme, un batailleur surréaliste, un stratège éclairé... Personnalité solaire. Universelle. J'en connais énormément qui ne l'ont pas aimé. Très peu qui ne l'aient pas respecté. De toutes mes rencontres, celle-ci est probablement, hors les murs graulhétois, celle qui me fit le mieux grandir.
Pour conclure, je voudrais une nouvelle fois dénoncer ta perfidie, ami ardéchois. J'observe en effet qu'en m'expédiant ce bouquin tu es aussi venu provoquer et réveiller le grand malaise de mon existence rugbystique. Car si La Voulte n'a pas connu la prégnance de Graulhet sur le rugby de la deuxième moitie du vingtième siècle, il a tout de même était champion de France, lui ! En 1970, soit trois et quatre ans après que nous ayons échoué deux fois en demi-finale.
3 - 0 face à l'ASM, devenu depuis Clermont ! Un score qui fera rigoler sans doute les adeptes du rugby bodybuildé doré à l'or fin. On s'en fout, c'était le temps des copains et de l'aventure. Les médias ne s'intéressaient guère à nous, mais dans nos patelins, jeune homme, c'était la fête, le feu.. de joie.
Tiens regarde, Jean-Pierre. Ton bled de 5000 âmes qu'est-ce qui lui reste ? Rien ! Rhône Poulenc s'est carapaté, le VS a fusionné avec Valence, puis s'est fait éjecté. Il végète en championnat terrirorial. Ce n'est plus l'Ardèche mais la dèche. Ma foi, si ça te va bien !
A Graulhet au moins, on est cons, on fusionne pas. Mais on existe encore en Fédérale 1. Rassure-toi, ils auront aussi notre peau...

Illustration : Lilian et Guy Camberabero devant le bouclier de Brennus qu'il vienne de remporter avec La Voulte face l'AS Montferrand en 1970. A l'époque le régime alimentaire était bien différent !  (Photo l'Équipe)
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Pour le maintien de Rencontres à XV

Avant que Canal + qui ne jurait que par le foot et le basket américain, ne s'accapare le rugby pour en faire son business, il existait déjà une émission sur FR3 qui permettait à la France ovale de profiter durant une demi-heure de son sport délaissé par les autres médias. 
Jean Abeillou et Jean-Paul Cazeneuve nous proposaient des images de l'élite du championnat, mais aussi de beaux magazines sur les petits clubs, les écoles de rugby et plein de belles choses de ce jeu de légende. 
Evidemment, broyé par les grosses machines à faire de l'audience et du flouze, Rencontres à XV est menacé de suppression dès la rentrée prochaine. 
Merci à tous ceux qui ont connu et aimé cette émission de se mobiliser pour la sauvegarder. 

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Les droits d'auteur seront partagés entre le fondation Perce-Neige, le Secours Populaire et l'école de rugby du Sporting Club Graulhétois. 


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