Biarritz - Bayonne :
port du basque obligatoire !


Ce soir, c'est derby basque. Aupa BO et Peña Baiona. Du piquant. De l'Espelette ! Ça te me file un de ces coups de nostalgie, cette affaire. Nostalgie avec laquelle je me suis condamné à vivre. Car évidemment, s'il y a dans les deux camps, mais essentiellement chez les supporters de l'Aviron, une ferveur intacte et démesurée, les clubs qu'ils soutiennent n'ont plus grand chose à voir avec leurs origines.
Biarritz n'était pas et il s'en manque le porte-drapeau du Pays Basque au bon temps de l'amateurisme, même si Michel Celaya notamment en fut l'un des fers de lance. Il fallut attendre que le rugby nourrisse un peu mieux son homme pour que le BO - les deux premières lettres de bourgeois qui lui conviennent si bien - retrouve à la croisée des deux siècles, son lustre d'avant-guerre. Il doit alors beaucoup au Landais Jean Condom et à l'enfant du pays -et de Caracas -, l'immense Serge Blanco, ce retour à la lumière activé par des migrations massives. Paradoxalement, après avoir été les heureux bénéficiaires de ce rugby flouze ils en furent ensuite les grands perdants -avec les Berjalliens-. Depuis une décennies les feux de la rampe se sont assombris et la scène d'Aguilera est plongée dans  l'anonymat, au point que le club et son vieux stade sont en instance de divorce.
Bayonne, c'est différent. C'est le rugby. Jean-Dauger. Un stade en Bleu et Blanc, comme même Mayol ou Ernest-Vallon ne sont jamais parvenus à s'uniformiser en Rouge et Noir. Et les couleurs ne sont rien à côté de ce chœur exceptionnel de 20 000 voix qui s'égosille à l'unisson : "c'est la peña, c'est la peña". Plus tard, c'est le gosier sec que tous ces festaïres retrouveront la salive dans les troquets du petit Bayonne...
Si j'excepte Twickenham et peut-être l'Arms Park (revoyez vos classiques, c'était le nom du stade de Cardiff avant qu'on l'humilie en Millénium, puis Principality) je n'ai jamais si bien senti battre le coeur du rugby que dans ce stade de Bayonne lorsqu'il chante cet hymne à la joie, qui fut à l'origine un chant révolutionnaire portugais. Ça aide ! Vivre à Bayonne la populaire, la joyeuse, un match de championnat de rugby était un grand moment de plénitude et de communion. Car nous étions là bien loin de l'esbroufe de certains autres qui, faute de culture ancestrale et des valeurs de simplicité fraternelle, multiplièrent les artifices ridicules et bien souvent inappropriés.
Oui mais enfin c'est ce rugby-là qui s'est imposé, car évidemment la Peña Baiona était intransposable. Et lorsque j'en parle au passé, c'est tout simplement que l'Aviron Bayonnais présidé par Philippe Tayeb - après s'être laissé longtemps aveugler par Afflelou - s'est abandonné à la mondialisation, la banalisation, la domination du pognon. Et même s'il reste toujours dans l'effectif un Peyo de service, l'accent et la force basques se sont dilués dans le business au même titre que chez le voisin biarrot.
Lequel est lui affublé d'un président du nom de Jean-Baptiste Aldigé, tout bonnement infréquentable si j'en crois mes collègues de la presse - et je les crois ! -. Il aurait été lui-même joueur de rugby à la Vallée du Girou. Arrière. Mais enfin, c'était pas Serge Blanco ! L'homme d'affaire, également en froid avec le maire de Biarritz dans le dossier d'aménagement du parc d'Aguiléra, envisageait rien moins que d'aller jouer ... à Lille. Voyez le respect des supporters et du passé du club !
Enfin, voilà pour ce rugby basque où ce qu'il en reste. Il n'évolue pas mieux que les autres, mais se débat en plus pour exister dans l'élite. J'avoue que j'ai très envie d'y jeter un œil cet après-midi, mais pas sûr que j'y parvienne. Rien que le nom donné à ce match est répulsif. Access match. C'est du Canal + tout craché. Le diffuseur exclusif du rugby, fossoyeur de tout ce que j'ai aimé, se complait à supprimer toute trace du passé afin de conquérir un public jeune, inculte et malléable. Les anglicismes tels que le fameux "access" chez eux sont la règle, tout comme la féminisation racoleuse, l'instrumentalisation et la dramatisation de ce ce qui n'est, jusqu'à preuve du contraire, qu'un jeu. Un beau, mais simple jeu.


EXTRAIT DE RUGBY FLOUZE A PROPOS DE BIARRITZ ET SERGE BLANCO


6 juin 1992 : Finale Biarritz - Toulon au Parc des Princes : L’image du tout jeune Toulonnais Patrice Teisseire (dix-huit ans) remettant une composition fleurie à Serge Blanco (trente-quatre ans) qui effectuait son dernier match dans ce Parc dont il avait été également, on pourrait dire surtout, l’un des princes, reste gravée dans la pierre philosophale de ce jeu.
Pour le journaliste un peu plus mûr que j’étais devenu, cette finale du RCT face à Biarritz, fut un plaisir renouvelé au quotidien, avec une page et parfois plus à assurer tous les jours. Je me souviens que le samedi précédent j’avais appelé Serge Blanco pour lui demander une entrevue. Avec sa gentillesse coutumière, il m’avait expliqué que non, les joueurs n’avaient plus le droit de parler aux journalistes dans la dernière semaine. Me proposant même de reprendre ses différents propos lus et entendus, à condition de ne pas les déformer. C’était gentil, mais cela n’entrait pas dans les codes éthiques de la profession.
Après avoir raccroché le combiné, mesurant ce que je perdais s’agissant du joueur le plus apprécié au monde, disputant son dernier match, qui plus est en finale et contre Toulon, mon instinct me dicta de rappeler. Je lui fis la chanson, l’importance pour mon journal et ma propre crédibilité menacée, il finit par me lâcher :
— « Bon ! Viens lundi matin à la thalasso. »
Avec mon ami photographe Gérard Raynaud, nous partîmes dans la nuit, car nous avions rendez-vous à dix heures, huit cents kilomètres plus loin. L’arrière international nous reçut dans son complexe hôtelier ultra-moderne d’Hendaye. Il fut épatant de disponibilité, mais aussi de générosité dans le propos. Si je l’ajoute à la soirée bodega avec les supporters du BO, qui nous promettaient l’enfer pour le RCT, mais nous offraient un paradis de gentillesse et d’humour, cela resta comme l’un de mes plus agréables reportages.





Faites suivre et connaître Rugby Flouze partout où c'est possible
Il est encore un peu tôt pour s'en plaindre, mais je crains que ce livre ne bénéficie pas de la couverture médiatique sur laquelle j'avais cru pouvoir compter. J'aurais beaucoup aimé que la famille de Fouroux, les "paysans" d'Auch, les polonais du Creusot et les pom-poms girls du Stade Français aient connaissance de la sortie de Rugby flouze.
Mais au cas où l'information serait un peu brouillée, je vous propose de faire suivre ces mails et de signaler l'existence de ce bouquin aux cousins de Bretagne, au papa de Valenciennes, au tonton de Strasbourg et aux amis de partout. Pensez bien à mentionner le lien pour la commande aux Presse du Midi. Merci par avance...



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Forum à venir
Je prépare mon livre d'or dont les pages sont gentiment en train de se remplir. Si vous avez lu ce livre, si vous l'avez aimé, s'il ne vous a pas plu, je me ferais un plaisir - dans le premier cas - et un devoir - dans l'autre - de le publier et d'y répondre. Je compte sur vous....
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Les droits d'auteur seront partagés entre le fondation Perce-Neige, le Secours Populaire et l'école de rugby du Sporting Club Graulhétois. 


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